Fauvisme (groupe)

Cornelis Théodorus Marie Van Dongen ou plus généralement Kees Van Dongen est né le 26 janvier 1877 dans la banlieue de Rotterdam, à Delfshaven (Pays-Bas), décédé à Monaco en 1968. D’une famille bourgeoise, son père ne s’opposa pas à la vocation du jeune Kees; il fréquente l’Académie Royale de Peinture de Rotterdam (bien qu’il se dira autodidacte par la suite) et y rencontrera Augusta Preitinger qui deviendra sa femme.

Le fauvisme se caractérise par l’exaltation de la couleur pure et constitue dans l’histoire de la peinture moderne du XXème siècle la première révolution artistique importante. Kees Van Dongen a été l’un des artistes les plus représentatifs de ce mouvement. Dès 1904, il s’affirme au Salon des Indépendants, au Salon d’Automne et par une exposition particulière à la Galerie Vollard. L’année suivante, sa présence est remarquée dans les principales expositions parisiennes et en particulier dans la salle dite des Fauves au Salon d’Automne. Au cours de l’année 1908, il se rend en Allemagne et rencontre le groupe expressionniste die Brücke. Ces contacts auront une influence durable sur son oeuvre fauve, qui sera teintée de cet expressionnisme allemand.
Les couleurs sont employées à fin expressive, non imitative. Elles sont enserrées dans un dessin simplifié matérialisé par le cerne. Son oeuvre témoigne de la fidélité de l’artiste hollandais au fauvisme à une époque où les autres peintres du mouvement se sont déjà orientés vers des expériences picturales nouvelles. Par delà les appréciations stylistiques, on peut considérer que Van Dongen représente dans ces tableaux non pas une femme, mais la Femme dans toute son agressive sensualité, perçue comme le symbole de l’artifice et de la bigarrure.

Chronologie :

1877
Cornelis Theodorus Marie Van Dongen, dit Kees, naît le 26 janvier à Delfshaven, faubourg de Rotterdam en plein polder. Son père possède une malterie où il travaillera lui-même comme apprenti à douze ans. Il passe tous ses loisirs à dessiner et à peindre, noircissant de croquis ses cahiers d'école, et réalise les portraits de sa sœur Maggi et de son père. Ses parents veulent qu'il devienne un dessinateur industriel.

En 1904, dans une lettre à Félix Fénéon, Kees évoque son enfance : " J'étais donc presque toujours seul et je yeuxtais d'autant parce que je ne jouais pas. J'allais dans les champs dessiner les chevaux qui étaient un peu tristes comme moi, mais qui avaient de bien beaux yeux. (…) Je devais devenir ingénieur ou quelque chose dans ce genre et surtout ma mère voyait bien plus de profit à me faire apprendre à dessiner des machines, des chaudières, des bateaux vapeur etc. (…) C'était pas bien possible. "

Jusqu'en 1894, le jeune Van Dongen peint dans la tradition de l'Ecole hollandaise des paysages, natures mortes et figures dans une palette sombre.

1892
A seize ans, Kees Van Dongen s'inscrit aux cours du soir de l'Académie des Arts et des Sciences de Rotterdam, qu'il suivra jusqu'à son départ pour Paris (1897). L'Académie propose deux filières principales : la filière artistique et la filière industrielle (dessin, architecture) ; Van Dongen suit les deux. Dans la section d'art industriel, il s'initie à la lithographie et l'art du livre.

Gravure et lithographie connaissent un essor flamboyant autour de 1890. Si elle ouvre de nouvelles voies à l'art du livre illustré, le développement de la lithographie en couleurs permet surtout la diffusion du mode d'expression moderniste de la fin du 19ème siècle : l'affiche.
C'est à l'Académie de Rotterdam que Kees rencontre le peintre Chris Addicks, son aîné et futur ami, ainsi qu'Augusta Preitinger, sa future compagne.

1895
L'autoportrait en bleu marque l'entrée de la couleur franche dans la palette du jeune artiste. Participation à une première exposition de groupe au Stedelijk Museum d'Amsterdam en septembre. Van Dongen y présente une peinture, Schip, et une esquisse aquarellée. Premiers dessins pour la presse avec des planches pour le Rotterdamsche Niewsblad, dont la thématique - les rues interlopes de Rotterdam - annonce déjà les développements parisiens. Après avoir quitté le domicile parental, il loue une chambre dans un de ces quartiers malfamés.

1897
Premier séjour à Paris où il arrive peu avant le 14 juillet. La " ville-lumière ", en pleine festivité, le fascine. Il est hébergé sur la Butte Montmartre par le peintre Ten Cate, son compatriote. Arrivé avec cent florins en poche, il doit exercer de menus travaux. Commencent alors des " mois de misère ".

1898
Le Barc de Boutteville, galerie d'avant-garde présente deux de ses aquarelles dans une exposition de groupe. Il y fait une rencontre déterminante : Félix Fénéon, le critique parisien le plus perspicace et le plus écouté de l'époque, qui est aussi un anarchiste convaincu. Il s'enthousiasme immédiatement pour son travail et restera toute sa vie son plus fidèle défenseur. Mais l'existence du peintre à Paris est trop difficile. A contrecœur, il rentre en Hollande. Reprenant ses collaborations pour le Rotterdamsche Niewsblad, il illustre, en particulier, le couronnement de la Reine Wilhelmine.

1899
En octobre, Van Dongen est de retour à Paris, où Augusta Preitinger, dite Guus, leur a trouvé un logis rue Ordener, à Montmartre.

1900
En mars, le couple s'installe 10, impasse Girardon. Fénéon le présente au peintre Maximilien Luce, qui deviendra également un ami proche.

1901
Le 11 juillet, Kees épouse à Paris sa compagne. En octobre, il illustre un numéro spécial de la revue L'Assiette au Beurre, consacré à la condition des prostituées. " Par la stylisation du dessin, violemment bariolé d'aquarelle et le rôle que joue la couleur librement employée, Van Dongen fait figure de maître dans le préfauvisme qu'il aborde par l'aquarelle. C'est naturellement à l'anarchiste gauchisant Van Dongen que devait être confiée la tâche de mener la lutte contre la prostitution qui sévissait au début du siècle dans la capitale parisienne ", écrit Jean Mélas Kyriazi, avant de souligner que seul un Toulouse-Lautrec, qui vient alors de mourir en septembre, aurait pu atteindre à " pareil réalisme et pareille puissance ". (Van Dongen et le Fauvisme, p.54). Van Dongen collabore désormais avec les grands journaux illustrés de l'époque : La Revue Blanche, dont Fénéon est le rédacteur en chef, mais aussi Gil-Blas, L'Indiscret, Le Rire, entre autres…
Dans le même temps, il réalise de nombreuses toiles en vue d'une exposition chez Ambroise Vollard.

1904
Van Dongen, parrainés par Paul Signac et Maximilien Luce - ses aînés -, envoie six toiles au Salon des Indépendants (trois vues de Montmartre et trois paysages). Il fréquente le Bateau-Lavoir, le cirque Médrano, rencontre Picasso, Vlaminck et Derain.

Participe au Salon d'Automne.
Première exposition personnelle chez Ambroise Vollard en novembre, avec 125 œuvres environ. Félix Fénéon préface le catalogue. (Kyriazi : " Vollard avait fait, la même année, une exposition particulière de Matisse qui n'avait pas eu de suite. Il en fut de même de Van Dongen malgré le succès de l'exposition, car Vollard rechercha l'échec commercial de cette exposition pour tout racheter lui-même à bon compte ").

1905
Expositions de groupe chez Berthe Weill. Participation au Salon des Indépendants. Naissance le 18 avril de sa fille Augusta, surnommée Dolly. Kees et sa famille passent tout l'été à Fleury-en-Bière chez Otto van Rees et Adya Dutilh, un couple d'artistes hollandais.
Il présente deux toiles au fameux Salon d'Automne de 1905, au cours duquel le critique Louis Vauxcelles invente le nom de " Fauves ". Exposition personnelle à la galerie E. Druet, où il présente ses paysages de Fleury. Le ...

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